Guide du débutant - Le canal audio

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   Suite à la demande de plusieurs joueurs, il nous a semblé intéressant de rassembler ici quelques idées, conseils et conventions pour optimiser l'utilisation du canal audio et améliorer le communication entre joueurs. Il s'agit bien de conseils, pas d'un carcan à suivre à la lettre. On verra à l'usage si cela fonctionne, ce qu'il faut améliorer, etc.

Un peu d'histoire...

En 1977, une terrible catastrophe se produisait sur l'île de Ténérife dans les Canaries : deux appareils Boeing 747 se télescopaient au sol, sur la piste, faisant 583 morts. La raison principale ? Une mauvaise communication radio entre les contrôleurs et les équipages des deux appareils par temps de brouillard. Cette tragédie força le monde de l'aéronautique à repenser complètement ses modes de communication radio, de façon à transmettre des messages courts, non ambigus, à être certains de leur bonne compréhension, et ce même quand la fréquence est très encombrée.

Hmmm, cela commence à nous intéresser, il y a sans doute des idées à piquer...

Et nous ?

Bien sûr, nous n'avons pas les mêmes contraintes de sécurité ! Au pire, tout ce que je risque en jouant est de cramer mon PC, de réveiller mes gamins parce que je hurle d'excitation dans mon micro car j'ai enfin fait un kill, ou de lasser mon épouse avec des jeux vidéos qui ne sont plus de mon age (parait-il).

Donc je vous propose ici une version archi simplifiée des principes aéronautiques. Et puis il faut que l'expérience reste amusante, donc facile et pas contraignante. Enfin, ce guide sera illustré d'exemples et assorti d'idées sur des cas typiques, histoire de le rendre plus sympa à lire.

Bonjour

La première chose à faire en arrivant sur la fréquence, c'est de dire bonjour en donnant son pseudo. Ce n'est pas juste une question de politesse, c'est aussi pour que les joueurs présents associent le son de votre douce voix à votre pseudo. Ensuite, précisez l'escouade que vous rejoignez.

Format d'un message entre deux personnes (messages dits "personnels" ou "directs")

C'est très simple :

destinataire de expéditeur, message

Exemple : "Totor de Yann, j'ai besoin de soins."

On apostrophe donc toujours son interlocuteur. Si vous entendez votre nom, dressez l'oreille, la suite vous concerne. C'est tout bête.

Evitez le format inverse, qui utilise le "pour", comme dans : "Yann pour Totor, bla bla bla". L'expérience montre de cela marche moins bien.

Réponse

Quand on vous parle directement, répondez immédiatement, en essayant de faire simple et court.

Quelques exemples de réponses courtes :
Réponses affirmatives : "oui", "ok", "affirme", "d'accord", "ça marche", "c'est bon"
Réponses négatives : "non", "négatif", "impossible parce que...", "pas d'accord, car...", "désolé mais..."
Réponses pour indiquer qu'on a compris : "reçu", "bien pris", "vu", "copié"
Réponses liées à une action ou à un ordre : "j'y vais", "en mouvement", "en position", "prêt", "en attente", "derrière toi", etc.

Format d'un message général

Dans la pratique, on fait assez peu de messages personnels. On parle plus souvent "à la cantonade". Il y a plusieurs types de tels messages : les ordres du chef d'escouade et les annonces ou requêtes des soldats.

Les ordres du chef d'escouade

Les ordres du chef d'escouade ou d'unité sont particulièrement importants. Ils doivent être clairs, précis, courts, et faciles à distinguer des autres messages. Le chef d'escouade a un peu le mme rôle que le contrôleur aérien : il donne des directives vitales. Et il est le seul à le faire.

Tout d'abord, ses messages sont donnés à l'impératif - ou sur un ton impératif, c'est un vrai chef, n'est-ce pas ? ;-) Et comme le chef d'escouade est seul à donner des ordres, et qu'au bout de deux minutes tout le monde connaît sa voix, inutile qu'il se présente à chaque fois !

Donc quand il s'adresse à son escouade, et qu'il n'y a pas d'ambiguïté possible, cela devient :

"Défendez le point A"

"Attaquez le blindé au sud"

"Collez-moi au train"

"On se regroupe derrière la crête"

"On tient la position"

Certains chefs préfèrent le "on" collectif: "on me suit", "on attaque la tour", "on se rassemble sur moi". Cela marche très bien aussi. À chaque chef son style.

S'il y a plusieurs escouades sur le canal, il va généralement interpeller son escouade à chaque fois :

"Bravo, montez dans le Disperseur au point de passage"

Même quand il n'y a qu'une seule escouade, certains chefs aiment commencer les messages importants par "Messieurs" : "Messieurs, on monte dans le Disperseur". Certains chefs ont des vrais tempéraments de meneur d'hommes :-) Pour l'instant les filles se font malheureusement rares dans l'équipe, il faudra sans doute rectifier quand cela arrivera.

Dans tous les cas, les braves soldats ne répondent pas, ils exécutent l'ordre du mieux qu'ils le peuvent et le plus vite possible.

Le chef d'escouade peut aussi donner un ordre direct à quelqu'un. Là aussi, il est dispensé de se présenter.

"Yann, soigne tout le monde".

Mais attention, tout ordre direct doit être répondu (on dit "collationné" en aéro) :

"OK"

En aéronautique, le collationnement consiste à répéter le message du contrôleur dans son intégralité et à le clôturer par son indicatif. Je vous laisse imaginer le bazar si on faisait cela. Donc nous, on fait court et efficace.

On répond toujours au chef. Pourquoi ? Parce que sinon il va se dire que sa demande n'a pas été entendue, ou qu'il y a un problème pour la mettre en œuvre, et il va peut-être se dire qu'il a raté un truc. Du coup, il va soit répéter son message, soit demander des infos complémentaires, etc. Pendant ce temps, tous les autres membres de l'escouade attendent...

L'exemple typique est le cas où le chef d'escouade organise une colonne de véhicules. Il doit rapidement savoir qui peut (ou veut) sortir un véhicule, qui sera passager ou tireur, et définir les rôles de chacun. Si les gens ne répondent pas, cela peut vite devenir long et très laborieux.

Les annonces et les requêtes des soldats

Les soldats peuvent eux aussi faire des messages généraux. Si c'est utile dans le contexte, il doivent se présenter, auquel cas le message commence par "de ..." :

"De Yann, en position en A."

"De Zorro, je suis à terre."

"De Totor, sur zone en couverture aérienne."

"De Yann, je suis Medic."

Le chef d'escouade n'est pas obligé de répondre à ces annonces, car de toute façon, il voit tout, entend tout, et ne commet jamais d'erreur, comme on vous l'a expliqué à l'instruction. ;-)

Si vous oubliez de vous présenter et que votre annonce est importante, vous entendrez votre chef d'escouade demander "qui parle ?". Cela encombre la fréquence et complique le dialogue, c'est donc à éviter.

Certaines annonces n'ont pas besoin de préciser l'émetteur du message, comme par exemple les annonces de menaces :

"Magrider au sud."

"Avion en approche par le nord."

"Sniper à l'ouest, à couvert!"

Quand on signale une unité, par convention il s'agit toujours d'un ennemi. Donc inutile de préciser "hostile" ou "ennemi". Ne préciser que quand il s'agit d'un allié : "avions alliés convergents venant du sud".

Conseil : quand vous signalez un hostile, essayez toujours de préciser sa position, et si possible son mouvement ou ses intentions supposées. Par exemple : "Blindé au sud, en poursuite", "Plusieurs snipers sur la ligne de crête à l'ouest, ils nous arrosent.".
N'oubliez pas non plus que les pluriels ne s'entendent pas : "blindé" et "blindés" sonnent pareil, mais la différence est déterminante pour la décision du chef d'escouade d'attaquer ou de décrocher ! Donc précisez toujours la quantité de la menace quand elle est multiple : "Deux blindés au sud", ou "nombreux grunts sur la crête".

Conseil : utilisez toujours la boussole quand vous indiquez une direction, que ce soit une direction à suivre ou la localisation d'une menace. Même si vous êtes dans un véhicule et que vous essayez d'aider votre pilote, lui dire "à droite" ou "à gauche", ou "à 9 heures" peut ne pas l'aider du tout. En effet, il se peut qu'il soit en vue à la 3e personne et qu'il soit en train de regarder dans une direction différente de son axe de conduite. Préférez "prends la route à l'ouest".

Un autre cas où il est inutile de se présenter est lors d'une annonce non-ambiguë du fait du contexte, ou parce que cela n'apporte rien d'utile :

"Le Disperseur est déployé."

"J'ai mis des munitions par terre"

Ou lors d'une annonce d'information tactique :

"Le labo bio est capturé"

"Nous avons perdu la Forteresse"

"La pop NC est en train de dégringoler"

Les soldats peuvent aussi faire des requêtes ou poser des questions. Dans ce cas, ils doivent toujours se présenter - sinon ils ont peu de chance d'être servis. Utilisez clairement une forme interrogative ou alors des formules du type "j'ai besoin" :

"De Yann, je suis perdu, où est le point de rassemblement ?"

"De Yann, à terre en A, j'ai besoin de rez."

Une réponse suit toujours. Si la question était d'ordre général, c'est le chef d'escouade qui répond. Si la requête était une demande d'action à la cantonade, c'est le joueur qui prend l'initiative de l'exécuter qui répond :

"Le point de rassemblement est au sud du lab bio"   (le chef d'escouade parle)

"Yann, je te rez."   (et pas besoin de préciser qui parle, tout ce qui intéresse Yann est de savoir que quelqu'un va le tirer de là).

Quelques indicateurs de requête : "où", "est-ce que", "comment", "qui", "j'ai besoin", "je demande", "question". Par contre, évitez les requêtes de type incantatoire, du genre "il faut" ou "il n'y a qu'à" ou "que quelqu'un fasse..." : personne ne se sentira concerné et n'agira.

La parlote

Papoter, faire des blagues ou déconner, jurer parce qu'on vient de se faire descendre, discuter des options tactiques, poser des questions sur l'interface ou les fonctions du jeu, etc., est un élément important du "fun". N'oublions pas que le principe fondateur des LDSs est de jouer ensemble, la parlote en fait donc partie et contribue à souder l'équipe.

Il n'y a pas de format pour la parlote. On discute normalement.

Ceci dit, le deuxième principe des LSDs est de jouer ensemble efficacement. Si la situation est tendue, que le trafic radio est important, ou que vous sentez votre chef d'escouade stressé, alors limitez la parlote.

Si vous entendez votre chef d'escouade dire "limitez les messages", vous saurez que vous n'avez pas su détecter le niveau de concentration requis ;-)

Gérer les gros trafics

Généralement, quand on a une seule escouade (une douzaine de joueurs), et que les consignes ci-dessus sont bien utilisées, tout se passe tranquillement. Les soucis arrivent à partir de deux escouades. Cela fait deux chefs qui doivent se coordonner entre eux, donner des ordres à leur escouade, écouter les requêtes de leurs troupes, etc., tout en effectuant des tâches supplémentaires, comme par exemple déplacer des individus d'une escouade à une autre.

Voici quelques conseils pour limiter le bazar.

Sachez prioriser les messages

C'est une question de bon sens et d'adaptation. Du plus important au moins important : les ordres, puis les requêtes, les annonces de menaces, les messages personnels, les annonces d'information, et enfin la parlote. Donc en cas de gros trafic, on coupe à partir du bas. On arrête de papoter, puis de faire des messages persos peu utiles, des annonces d'info, etc. On ne fait que des annonces de menaces critiques, que des requêtes importantes.

Sachez raccourcir vos messages

Un message plus court prend moins de temps, donc encombre moins la fréquence. Nous francophones n'avons pas la chance de nos amis anglophones d'avoir une langue super compacte, donc il faut bosser. Et comme c'est le chef d'escouade qui parle le plus, c'est surtout lui qui va se retrouver à faire du style télégraphique. Sachez suivre.

"Alpha, on se rassemble tous au point A" devient "Alpha, tous en A"

"De Yann, je ne peux pas faire cela parce ce que je n'ai pas la certification" devient "De Yann, impossible, pas la certif".

Éviter de couper les autres

Quand vous entendez passer un message personnel, un ordre direct ou une requête, vous savez que le destinataire est censé répondre, donc laissez-le faire sans le couper, et ne prenez la parole qu'après. Le télescopage de messages est un gros souci, car il brouille tout, et force souvent le chef d'escouade à répéter son ordre direct car il n'a pas saisi la réponse. On perd du temps et de la bande passante. Si au moment où vous prenez la parole, vous entendez que quelqu'un d'autre a commencé un 10e de secondes avant vous, interrompez-vous immédiatement.

L'une des deux causes de la catastrophe de Ténérife fut le télescopage de deux messages : un ordre du contrôleur et une annonce de position du Boeing en manœuvre au milieu de la piste. Il en résulta un brouhaha audio que l'autre Boeing en attente au seuil de piste interpréta comme une autorisation de décollage. Il mit alors les gaz...

Canaux Mumble séparés

Toutes ces précautions aident, mais ont une limite. Dans ce cas, les chefs demandent aux soldats de se mettre dans des sous-canaux séparés dans Mumble. Vous verrez alors un canal du nom de votre escouade : Alpha, Bravo, Charlie, etc. Les chefs d'escouade utilisent alors la fonction "chuchoter" pour communiquer entre eux et répercuter les ordres à leurs escouades respectives. Parfois, on peut même avoir un chef d'unité distinct des chefs d'escouades. Le chef d'unité gère la situation au niveau stratégique, et les chefs d'escouades implémentent ses instructions chacun à son niveau tactique. Vous verrez, cela donne des parties délicates mais extrêmement intéressantes à jouer quand elles sont bien gérées ! Cela peut permettre de construire des actions d'une efficacité redoutable.

Utilisez l'Overaly de Mumble

Avoir un overlay bien configuré (pas trop gros, pas d’icône, pas de fond, seulement ceux qui parlent sont affichés) est vivement recommandé. Cela vous aidera à reconnaître les voix des joueurs et à lever le doute sur qui parle.

Le cas des canonniers et des pilotes de véhicules

Un pilote et son tireur forment un binôme indissociable. Là aussi, la fonction "chuchoter" de Mumble tombe à point nommé. Elle vous permettra de faire vos désignations de cible sans perturber ou encombrer le dialogue de l'escouade. Apprenez donc à maîtriser cette fonctionnalité.

Équipes séparées

Il peut arriver, même si c'est très rare, que le chef d'escouade décide de séparer son groupe en deux. Dans ce cas, il donnera une dénomination à chaque équipe, puis l'utilisera pour donner ses ordres, exactement de la même façon que pour les ordres d'escouade.

"Équipe 1, contournez par derrière"

"Groupe infanterie, foncez vers la tour. Groupe blindé, faites un tir de suppression sur le sommet de la tour."

Non-ambiguïté

J'ai déjà évoqué plusieurs fois le problème des ambiguïtés ou des imprécisions, et ce sera un peu la conclusion de ce petit guide. Comme d'habitude, c'est surtout du bon sens et de la pratique de jeu. Rapidement vous apprendrez les termes usuels. Sachez ne pas les mélanger. Par exemple, il y a des points de capture [A], [B], [C] dans les bases. Dites "A", "B", et "C", et non pas "Alpha", "Bravo" ou "Charlie" - qui sont des termes réservés pour désigner les escouades.

La 2e raison de l'accident de Ténérife était l'ambiguïté du message brouillé. À l'époque, l'autorisation de décollage n'était pas normalisée. Le commandant de l'avion en attente de décollage était pressé, il a interprété un message ambigu comme cela l'arrangeait.

Conclusion

Il y aurait encore plein de choses à dire, en particulier sur les messages liés au jeu de groupe, la terminologie dans le jeu, les actions typiques, etc. Ce premier guide est déjà assez long comme cela, nous vous encourageons à lire les autres guides du site des LSD, et surtout de vous balader sur le forum. Vous y trouverez des joueurs débutants ou vétérans, tous avides de progresser, qui discutent des meilleures tactiques de groupe. Par exemple : /forum/42-general-ps2/21296-organisation-du-jeu-en-groupe.html

Bonnes parties !